Le grand ami des Innus

Publié le par Lucie Delarosbil

D'emblée, le chef d'Essipit écrit dans la présentation du livre de Serge Bouchard sur les Innus : « Rien de doctoral dans cet ouvrage. Pas de savantes analyses, pas de grandes théories. »

Pourtant l'anthropologue témoigne de Nitassinan, de innu-aimun, de innu-aitun, accompagnant ses écrits par 90 notes en bas de page et par plus de 80 sources documentaires : 45 ouvrages et 37 articles de périodiques. D'ailleurs les articles ont principalement été puisés dans les Recherches amérindiennes au Québec (14), suivi en moindre nombre dans le Cahier des dix (4), Cap-Diamant (3) et la Revue d'histoire de l'Amérique française (3).

En dépit du titre Le peuple rieur, ce livre ne fait pas rire, mise à part peut-être la « célèbre réplique » de François Ier, qui peut faire sourire et que sûrement tout le monde ne connait pas ! Entre prologue et épilogue, de l'ancien petit livre rouge d'histoire à la récente Maison de la culture innue, l'histoire de Nitassinan est relatée en même temps que celle de Québec, en huit chapitres : de la pure bonté d'un homme à la triste barbarie des politiques. Non seulement l'auteur détaille avec émotion et intensité ses jeunes expériences personnelles en ce peuple algonquien, il présente de long en large les premiers arrivants sur le territoire et les nombreux conquérants européens.

Ses innombrables petites histoires s'étendent sur mille ans et s'enchaînent volontiers pour faire une grande histoire. Au fil des pages, il honore la nature passée du peuple toujours présent au sein de onze communautés. De fait, il espère l'initiative d'un champ de recherches en généalogie sur les patronymes originaux, disparus au tournant du siècle dernier.

Bref, le grand ami des Innus ne fait pas que transmettre ses connaissances d'une matière à partager, il possède le métier d'écrivain et le matériau essentiel à sa pratique. Il sait maintenir la lecture dans l'enthousiasme. On boit ses mots. Il faut le lire pour saisir la valeur de son message.

© Lucie Delarosbil, 2020

Source : BOUCHARD, Serge et Marie-Christine LÉVESQUE, Le peuple rieur. Hommage à mes amis innus, Lux Éditeur, 2017, 320 p. 

Cette parcelle a déjà été publiée en automne 2018, dans la revue L'Ancêtre de la Société de généalogie de Québec (volume 45, numéro 324, page 42).

Publié dans Essai, Éloges, Témoignages, Livres

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S
Je lis ce premier article qui me fait plonger dans le passé de cette belle Province. Voyage et dépaysement garanti :) Merci !
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