Regard franc

Publié le par Lucie Delarosbil

La suite de Mémoire vive, la deuxième partie de Sauvage déréliction.

Regard franc

tu es comme l'étang, sombre et paisible, le silence c’est la nuit dans ta nature volcanique

tu écoutes les couleurs des êtres qui t'entourent et te frôlent, même les absents t'envoient des signes de leur frénésie douteuse, ton regard demeure limpide comme un coeur au bon endroit

être le noyau de la rose qui se meurt, solitaire dans le silence des profondeurs terrestres, ton image devient fondamentale mais pesante, ton coeur bat au rythme lent de la douleur

c’est le combat des vomissures de l'existence, des fièvres de malédiction, tu te caches derrière la fascination du danger des étendues

la beauté, un éclat des fraîcheurs qui se conservent, tu ne veux pas disparaître dans le néant des pluies voraces, tu exploses à la lumière du vent

la stagnation n'atteint pas les pensées de ton regard, fuyant, un hibou t'appelle son jumeau de paix, tu ne recherches pas la ressemblance dans les illusions de l'apaisement nocturne

seul un papillon s'admire dans le cocon de ton mutisme endurci

ton oreille se prête généreuse à la parole des sourds, tu entends un souffle qui t'inspire d’infinis déchirements

le temps est devenu pour toi une accélération des mouvements dans l'espace

des oui des non sortent de ta bouche en sang de gloire, il me faut saisir le sens par le truchement d'énigmes affolantes, il faut me convaincre de l'essentiel par la mélodie de ton âme

ton sourire n'a pas de masque pour se cacher des intempéries, il est la marque à l'état pur des finales insouciances, ta voix basse ne dit rien de plus qu'un petit cri de rire, soudain, le regard franc spontané avant la fin de l'innocence

les prédictions de soleil s'effacent devant les ombres de ton eau trouble, tu te méfies des vérités déguisées en draps de fantôme

la tourmente te saisit par les nuages roses, te brasse la cage dorée, chagrine tes humours, il ne te reste que l'apparence quotidienne, la destinée du jour

dans l'air l'amour s'éloigne insidieux de ton champ de fertilité, tu ne te laisses pas attraper par le flagrant délit de la surprise, tu refuses qu'on te trouve caché, à te débattre, à nager dans la confusion d'une essence subtile

tu veux qu'on lise des romans dans tes yeux, qu'on se remémore la gravité de ta chute, qu'on colle un phare sur la moiteur de nos fronts, qu’on reconnaisse enfin la réalisation en toi du divin

mes rêves s'égarent sur la carte du ciel des idées noires

tu continues ton sommeil, en voyage pour de bon, à la recherche du meilleur et du toujours

*****

La finale, demain !

© Lucie Delarosbil, 2018

Publié dans Poésies

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